Ce recueil original et accrocheur met en scène des anecdotes loufoques, touchantes, vraies, écrites par une Catherine Choupin qui sort de son registre habituel et que j’ai découverte avec bonheur… C’était audacieux. Et c’est réussi. Ne vous fiez pas à son air BCBG, la belle a de quoi vous surprendre. Dans ces nouvelles qui marient érotisme et finesse littéraire, on décrit les choses, mais juste comme il faut. Cette littérature érotique comprend un esthétisme et une recherche d'esthétisme. Car qu’est-ce que la « littérature érotique » ? Elle n’est plus de nos jours une littérature ghettoïsée se lisant honteusement dans des rayons à part dans les librairies. Au contraire, quand elle bien écrite comme c’est le cas ici, elle peut légitimement intégrer la « noble » littérature générale. Comment traduire avec des mots ce qui se vit avant tout par le corps ? Comment trouver une justesse et y a-t-il des « limites » à ne pas franchir, des « règles » à respecter ? A la question « Est-ce que le sexe est sale ? » Woody Allen répondait : « Oui, heureusement !» (en V.O : « Yes, when it’s well done ») Catherine Choupin s’en sort bien. Car c’est dans ces scènes-là, je trouve, qu’un écrivain se révèle vraiment. Tous ses défauts ou toutes ses qualités vont apparaître. S’il n’en fait pas assez, s’il reste en deçà, dans l’érotisme bidon, c’est fichu, et s’il en fait trop, qu’il ne sait pas s’arrêter, qu’il sombre dans l’exagération, c’est fichu aussi. Ecrire l’érotisme, la sexualité est donc un art délicat auquel les écrivains s’essaient, avec plus ou moins de bonheur en effet. Langage explicite, cru, trash ou au contraire poétique, raffiné, elliptique et suggestif comme le fait Catherine Choupin en y ajoutant une note d’humour dans ses chutes. Mais attention, ce n’est pas gnan-gnan non plus. Elle appelle un chat un chat pour raconter ses souvenirs d’intellectuelle alors qu’elle était élève de la rue d’Ulm, agrégée de lettres classiques et future diplômée en philosophie. De Khâgne, elle a rapporté sa rencontre avec un photographe, réplique sulfureuse d’un David Hamilton chasseur de jeunes filles en fleurs sous le couvert du flou et du pastel. De l’école normale supérieure, ses convocations au bureau avec une directrice aux penchants saphiques. D’un voyage en train de nuit Nice-Paris, elle nous fera partager son aventure avec un légionnaire. Etait-il mince, était-il beau ? il sentait bon en tout cas, mais pas le sable chaud… Chaud… chaud comme le fut l’expérience d’une fessée donnée en punition d’un lapin posé ouvertement, ou celle d’un job à temps partiel en tant que soubrette dans une famille bourgeoise de l'avenue Foch ou celle d'une retrouvaille fortuite vingt ans plus tard avec un ancien lycéen amoureux éploré de son professeur de lettres et devenu entre temps…radiologue. Réels ou fantasmés, qu’importe ! ces souvenirs transportent, ravissent, étonnent page après page et c’est même un exercice amusant que de tenter de démêler le vrai du faux… Troublant !
Biographie
Catherine Choupin est née à Rabat d'un père officier de l'aéronavale et d'une mère professeur de mathématiques. Ancienne élève de la rue d'Ulm, agrégée de Lettres classiques, diplômée en philosophie, elle est devenue professeur par vocation : elle a enseigné avec passion à Versailles, au lycée Saint-Jean de Béthune pendant 9 ans, puis au lycée Notre-Dame du Grandchamp en classes préparatoires HEC. Elle a publié trois manuels de culture générale chez Studyrama, et a déjà écrit seize romans d'amour dans lesquels les références culturelles sont très présentes, sans être pesantes. Son but est de raconter de belles histoires d'amour modernes et délicates dans un style clair et sobre, ultra classique. Elle a fait sienne la devise de madame de Staël selon lequel "le roman est le monde meilleur". Elle aime aussi faire sourire ses lecteurs et trois de ses romans sont d'ailleurs classés en littérature humoristique. Les Romans d'amour sont dangereux ont obtenu le Prix du livre numérique 2015 (prix des lecteurs).