« ÇA RACONTE SARAH » a reçu le Prix du Roman des étudiants 2019 et est presque unanimement encensé par la critique. Pourtant les avis d’Amazon sont loin d’être élogieux. C’est à ne rien comprendre… Moi, je me suis laissée emportée par le flot de cette passion amoureuse. Une passion dévorante qui nait sans prévenir entre deux femmes alors que l’une a été mariée et a des enfants… Deux femmes aux antipodes l’une de l’autre. L’une est professeure et mène une vie tranquille presque pépère, l’autre, violoniste dans un quatuor à cordes, est exaltée, fantasque, imprévisible et croque la vie à pleines dents…Mais, outre l’histoire, ce qui m’a plu dans ce livre a été la façon qu'a eu Pauline Delabroy-Allard, jeune recrue des éditions de Minuit, de la traiter. Ça raconte l’incandescence, la flamme du forgeron sur le métal froid, l’histoire d’une femme tornade qui s’abat sur une autre. Ça raconte les dégâts qu’un tel cyclone entraine sur son passage et le désarroi de deux êtres fauchés dans une même tourmente. Comment ne pas être bouleversée par cette histoire d’amour tragique entre deux femmes ? L’on valse et l’on vacille avec ces deux amoureuses du premier au dernier mot… Un magnifique roman de l’extrême, une écriture vive, lyrique, scandée et émotionnelle, une rafale de vent dans la chaleur du sentiment amoureux… Etourdissant !
Extraits : « J'ai froid. J'ai mal. Elle me manque. T'es où, connasse ? » « Ça raconte Sarah, sa beauté inédite, son nez abrupt d’oiseau rare, ses yeux d’une couleur inouï, rocailleuse, verte, mais non, pas verte, ses yeux absinthe, malachite, vert-gris rabattu, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte le printemps où elle est entrée dans ma vie comme on entre en scène, pleine d’allant, conquérante. Victorieuse. » « Elle est violoniste. Elle fume des cigarettes. Elle est trop maquillée, c’est encore pire quand on la regarde de près. Elle parle fort, rit beaucoup, est drôle à sa façon. Elle emploie des mots que je ne connais pas. Elle a un argot personnel. Elle s’amuse avec la langue, elle invente des expressions, elle fait des rimes pour le plaisir. Elle raconte des choses amusantes, des histoires pleines de rebondissements. Elle se plie de bonne grâce à mes demandes de précisions. Elle est vivante. Au cours de la conversation j’apprends qu’elle aime beaucoup jouer à des jeux de société, faire de la marche en montagne, chanter avec les gens qu’elle aime. Elle suit une psychanalyse depuis quelques années déjà. Elle se couche sur le divan. Elle trouve ça bizarre, de parler de soi dans un silence glaçant. Mais elle y retourne tout de même, elle pense que c’est important. Deux fois par semaine. Parfois trois. »