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CEUX DES QUAIS par Nathalie Bianco aux éditions Sixième(s)

Il y a des romans comme ça qui laissent leur empreinte longtemps après le livre refermé.

« Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de toit sur la tête qu’on ne peut vivre des histoires magnifiques ! ». Voilà, tout est dit.

Clodos ou SDF qu’on les appelle, mais quelle que soit leur nomination, ces laissés pour compte de la société existent bel et bien ! Et Nathalie Bianco nous le rappelle par ce récit haut en couleurs qui trifouille le cœur arrachant sur son passage larmes et sourires, et fait de ces marginaux ordinaires des héros malgré eux.

Cela se passe à Lyon, sur les quais des berges du Rhône. Ils sont une poignée de tout âge et de tout bord, à se venir en aide pour tâcher de survivre. En prince de la cloche, il y a Nono qui incarne avec panache un Cyrano des temps modernes ; Jony, une doublure de l’idole, blouson de cuir et cheveux jaunes montés en banane et dont les blagues graveleuses feraient rougir une chambrée de caserne ; Géronimo, un géant tout droit sorti d’un western ; le jeune Malik un livreur à vélo des Minguettes ; « Six dix » appelé ainsi parce qu’il penche à droite ; « les ragondins », un couple de punks à chiens couvert de piercings… Et enfin Vava et sa valise bleue sur roulette qui la suit de partout, leur maman infirmière à tous qui se dépense sans compter pour leur alléger l’existence, distribuant bontés et vitamine C.

En fait, le cœur, ils l’ont tous gros comme ça à vivre sous le même toit céleste, à boire des coups, à partager le froid qui s’engouffre sous le pont de la Guillotière, s’infiltre sous la tente pour les plus chanceux, s’immisce dans les plus gros duvets. Ils schlinguent de façon terrible, sont vêtus comme des épouvantails, mais ont le cœur brûlant.


Extrait : « Nous autres, gens de rien, nous n’avons pas les moyens de nous aimer « bien » ou « assez ». Parce que nous vivons à la rue, nous savons que ce n’est pas une allumette qui va nous réchauffer. Nous avons besoin d’un grand feu, un vrai, un immense brasier dans lequel nous jetons, toutes nos peurs, nos peines, notre désespoir. »


Sur les quais de Lyon, au milieu de cette joyeuse équipe de cabossés de la vie échoue Roxanne, évincée du foyer de l’aide sociale à l’enfance le jour de ses 18 ans parce que telle est la loi. Ils vont l’adopter chacun à leur manière et tout faire pour la sortir de la rue.

L’auteure a su apporter à ses personnages une véritable épaisseur, chacun avec son parler vrai à croire qu’elle a vécu huit jours sous la tente avec eux.

D’une plume allègre, elle a su les rendre irrésistibles en faisant ressortir toute l’humanité dont ils disposent malgré la misère, malgré la décadence nantis de ces sentiments nobles qui sont l’amitié et l’amour omniprésents dans cette belle histoire.

Et parce que ce ne serait pas du Bianco si, en dehors de sa bienveillance,elle n’épinglait pas avec bonheur les travers de notre société avec le même regard ironique que dans ses billets d’humeur sur les réseaux sociaux. Jubilatoire !


Originaire de Lyon, révélée par les réseaux sociaux, Nathalie Bianco poursuit sa petite musique singulière : ses romans, tour à tour drôles et touchants, échappent aux codes, pour explorer avec un humour et une sincérité désarmante les travers de notre époque. Après "les petites" et "Les printemps", elle sort son 3ème roman "Ceux des quais" tous trois publiés aux éditions Sixième(s).



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