L’histoire correspond tout à fait à ce que j’aime lire, c’est ma came, le post-apocalyptique survival. « Dans la forêt » est un livre merveilleux, qui fait beaucoup de bien justement en ces moments où l’on est confiné.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce livre a été écrit en 1996 et jamais ce livre n’a été autant d’actualité. Refusé par 25 éditeurs, il a été finalement publié aux Etats Unis par une toute petite maison d’édition en mode associative avant d’être considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire dans plusieurs pays.
Ce roman n’est pas sans me rappeler un classique de la littérature autrichienne, sans l’égaler toutefois, « Le mur invisible » de Marlen Haushofer dans lequel l’héroïne, tel un moderne Robinson, organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers, prend en main son destin dans un combat quotidien contre la forêt, les intempéries et la maladie…
Il s’agit donc du même thème, traité différemment avec une même intensité, une sorte de plaidoyer écoféministe.La tentation est grande aujourd'hui de s'isoler dans une cabane au fond des bois et d'échapper à la dureté ambiante du monde...
« Dans la forêt », c’est l’histoire de deux sœurs rescapées d'une catastrophe et qui triomphent de prédateurs en tout genre en apprivoisant la nature. C'est en prenant soin des poules, en cultivant leur potager, en stockant leur récolte dans des bocaux et en pilant les glands pour faire de la farine qu'elles s'émancipent. Le monde à l’extérieur tel qu’on le connaissait semble avoir vacillé : plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient, tentent de comprendre ce qui s'est passé. Épidémie ? Guerre ? Attaque chimique ? Personne ne le sait tandis que les nouvelles leur parviennent assourdies et floutées, sous forme de on-dit colportés par quelques rares migrants.
Peu à peu et au gré de leurs expériences douloureuses, la forêt initialement hostile deviendra leur seule espérance, leur garde-manger et leur pharmacie.
C’est une histoire sur la résilience, l’amour, le rapport que l’on entretient avec la nature, les forces de la vie que nous offre là, la romancière Jean Hegland. Ce livre ne doit pas rebuter les non amateurs de science-fiction car sous ses dehors de « roman post-apocalyptique », il suggère au lecteur une remise en question désormais urgente et vitale : si notre monde s'écroule, faut-il perdre du temps à vouloir s’y raccrocher à tout prix, à le maintenir sous respirateur artificiel au lieu de chercher à en construire un autre, plus respectueux, plus propre, moins vulnérable et arrogant, dans lequel force ne signifierait pas violence ? Et l’on se prend à penser que l’on ferait mieux de s’intéresser un peu plus à la nature et aux richesses nourricières et médicinales qu’elle peut nous offrir afin de ne pas se trouver démuni si pareille mésaventure devait se produire. Gageons qu’après cette lecture, on ne pourra plus appréhender les objets qui font notre quotidien avec la même désinvolture et l’on se reprendra à deux fois avant de jeter quoique ce soit…
Une écriture poétique, un ton juste pour un texte puissant et sensuel que je vous invite vraiment à découvrir.
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