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Et si je me présentais ?

  • Photo du rédacteur: murielmartinellaauteur
    murielmartinellaauteur
  • 2 mai
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 mai


 

Ce post sera un peu plus long que les autres, non pas que je me complaise à parler de moi, mais pour expliquer mon parcours d’auteure et comment j’en suis venu à l’écriture.

J’ai eu la chance, tout en élevant mes enfants, de pouvoir faire dans ma vie ce que j’aimais faire.

J’habitais alors en Haute-Savoie. La peinture sur soie pendant une dizaine d’années sitôt mes enfants à l’école. Oh, ça a commencé comme un petit hobby tranquille. À force de couleurs, de pinceaux et de quelques éclats de créativité ( ou de folie, selon les jours ), ma maison est devenue une galerie d’art privée. Ma famille et mes amis ont vite compris la nature de leur prochain cadeau de Noël. Qui n’avait pas son écharpe arc-en-ciel autour du cou ou un abat-jour fleuri dans sa chambre ? Mais bon, quand on se lance dans l’art textile avec autant de passion…

Mais très vite, je suis passée à l’aérographe pour fixer sur la soie des scènes pastorales de montagne glissées sous cadre de verre. Les touristes aimaient ça et ça a bien marché.

Certains de nos dimanches se passaient en expositions d’artisanat d’art dans les petits villages de montagne. J’en garde un souvenir heureux. Enfants et mari, tout le monde à la tâche pour l’installation, la mise en avant de l’étal recouvert d’un beau tissu bleu. Les gamins jouaient au marchand en se hasardant à rendre la monnaie. Nous y avons fait de belles rencontres. Les artisans d’art, autour de nous, rivalisaient d’ingéniosité, de poésie, d’imagination pour extraire de leur tête, de leur cœur et de leurs mains d’artistes des œuvres destinées à toucher les sens et les émotions du public. Il arrivait qu’on échange nos produits. Encore aujourd’hui, lorsque je tombe sur des objets troqués, comme ces clowns en terre cuite sur boite à musique, échangés contre mes bouquetins à flanc de montagne, j’ai un souvenir ému en repensant au grand gaillard barbu qui me les a offerts.

Je plaçais aussi ces tableaux en dépôt-vente dans les magasins d’artisanat d’art des stations de ski. Jusqu’au jour où faisant la tournée des boutiques pour récupérer mes invendus et mes sous du produit de la vente, je suis tombée sur deux devantures abaissées. Les commerçants saisonniers avec lesquels j’avais pourtant tissé des liens amicaux au fil des saisons s’étaient envolés avec mon stock et mon argent sans me laisser de coordonnées valables.

Cela mit un terme à ma période « peinture sur soie ».

 

S’ensuivit ma période « journaliste ». Je suis entrée par la petite porte du Dauphiné libéré en tant que correspondante de presse. On m’a confié, au début, le soin de couvrir des reportages aussi passionnants que la réfection de la voirie ou le ramassage des ordures ménagères. Puis, j’ai hérité de la « section politique » qui m’est apparue tout autant familière que le macramé ou la cuisine moléculaire où tout semble simple en surface, mais repose sur une alchimie pointue et instable. Sans compter les permanences interminables lors des périodes électorales, les vœux du maire ou les départs en retraites des employés communaux, tout aussi excitants.

Je suis passée aussi par la case « assemblées générales » des associations. Au secours ! Au début, je restais sagement jusqu’au bout tout en griffonnant des pages de ce qui aurait dû être de simples notes. Je me suis vite rendu compte que d’y assister les 5 dernières minutes, le temps d’une photo, et de demander un compte rendu le lendemain au secrétaire allait faire l’affaire. 

C’était une grande agence, nous étions 12 correspondants chacun à des postes précis. 

Mon assiduité, que dis-je, ma pugnacité rageuse m’a fait grimper les échelons. Au bout du compte, on m’a confié le meilleur poste, celui que tous les correspondants convoitaient en salivant… la Culture ! Et là, ce fut l’Eldorado.

Nous habitions une ville de Haute-Savoie, riche et active culturellement. Le comité culturel faisait venir de nombreux artistes parisiens très connus du théâtre ou de la variété française. Mon statut de journaliste me donnant droit à deux places gratuites, j’invitais tour à tour, mari, enfants, amis pour des concerts, des tours de chants, des spectacles de danse, des pièces de théâtre… Mon plaisir était d’aller retrouver les artistes dans leur loge pour une interview. J’ai ainsi pu bavarder avec Renaud, Marie Laforêt, Juliette Gréco, Philippe Noiret, Eli Kakou, Michel Leeb, Frédérique François… et tant d’autres, en étant plus ou moins bien reçue. Certains me recevaient avec sympathie : Elie Kakou ( en compagnie duquel j’ai dégusté saucissons et fromages savoyards entre deux fous rires ), Michel Leeb ( souriant de toutes ses grandes dents, et qui m’a présenté sa femme qui lui ressemblait trait pour trait ), Frédéric François ( un amour, en dehors de son refus à se défaire de ses lunettes noires ), Marie Laforêt ( délicieuse femme en chausses de laine, mais qui, de près, sentait mauvais — écolo assidue, elle se tartinait, corps et cheveux, de sortes d’onguents faits maison à base de plantes que je soupçonne pourries —. D’autres artistes me recevaient avec ennui ou condescendance : Juliette Gréco ( pressée et peu aimable ), Hélène Ségara ( expéditive et hautaine ), Philippe Noiret ( bourru ), Renaud ( bourré ), Patrick Sébastien ( ruisselant —de transpiration— )…

Mon grand regret, avoir « raté » Barbara venue en spectacle quelques mois avant son décès.

Johnny Hallyday, alors au creux de la vague, est venu chanter sous un tout petit chapiteau et personne ne s’est battu à la rédac pour réaliser son interview.

Notre rédac » chef était un homme rigoureux, passionné de son métier. Par lui, j’ai beaucoup appris, à écrire concis, à dire beaucoup en peu de mots.

C’est de là que j’ai commencé à écrire plus sérieusement en dehors de mes scribouillardises commencées à huit ans avec un premier roman relié par des rubans.

Je suis restée 10 ans au Dauphiné Libéré. À la fin, je remplaçais le rédacteur en chef certains week-ends. Il me fallait composer avec la rubrique des « chiens écrasés », les bandeaux ou brèves de la page du jour. À moi, à présent, de sabrer les copies des copains-copines correspondants et d’envoyer le tout à la rédaction régionale.

J’ai appris sur le tas.

Les dernières années, la carte de journaliste agitée en point de mire comme la carotte pour l’âne m’incitait à persévérer. En même temps, j’étais pigiste pour d’autres journaux ( l’Équipe, Paris Match, La Vie des Animaux, des magazines féminins genre Biba. Quelques nouvelles, guimauves à souhait, pour le magazine Nous Deux. Lorsque j’ai réalisé que je n’aurai jamais cette maudite carte de presse alors que je faisais le boulot d’une vraie journaliste depuis 10 ans, je suis passée par la même petite porte par laquelle j’étais entrée pour m’en extraire. Pion sur le grand échiquier du monde de la presse et des médias, mon absence a dû être à peine remarquée.


Nous avons émigré là-haut sur la montagne où l’était un vieux chalet. ( sauf que celui-ci était neuf ) pour une nouvelle décennie de peinture sur bois/écriture/élevage familial de bouviers bernois. Les trois activités me plaisaient, se complétaient.

Je peignais sur de longues planches en bois des scènes d’alpage qu’on appelle des poyas ( photo ). Mes voisins suisses qui en étaient friands pour orner leur dessus de porte m’envoyaient des photos de leurs troupeaux de vaches, de leurs chiens, de leur ferme à partir desquels une fresque personnalisée était composée.

Je me suis régalée avec mes portées de boubous, ces adorables gros toutous à l’épaisse fourrure tricolore. Chaque portée, chaque naissance était un moment unique, un mélange de joie et de tension, d’espoir et de fragilité, car derrière chaque chiot, une histoire de vie, une promesse d’avenir. La nature m’a confrontée quelquefois à des réalités plus cruelles : des chiots mort-nés qu’on ne peut ranimer, des naissances difficiles. Ces épreuves, bien que rares, m’ont rappelé la fragilité de la vie et la responsabilité qui m’incombait alors.

Un travail d’amour, fait de soins quotidiens, de câlins, de patience et de dévouement. Mais chaque sourire d’une famille qui reçut son chiot, chaque lien formé entre un chien et son maître ont donné du sens à cette belle aventure.

En même temps, j’écrivais, j’écrivais, envoyais mes manuscrits aux éditeurs pour les voir revenir accompagnés de la réponse type « malgré vos qualités d’écriture, votre roman ne rentre pas dans le cadre de notre ligne éditoriale… ». Oh, le pincement de cœur à la vue de l’enveloppe de papier kraft coincé dans la boite aux lettres. Depuis, je me suis endurcie et accepte ces refus avec fatalisme.

Jusqu’à ce qu’en 2007 ( enfin… ! ) paraisse mon premier recueil de nouvelles aux éditions Après la Lune.

En 2016, nous avons quitté la Haute-Savoie pour l’Ardèche pour y ouvrir des gîtes dans une ancienne magnanerie. Une deuxième vie enrichissante sur le point humain. L’écriture a pris le pas sur la peinture…

En 2018 est paru mon livre « Au-Delà de David » chez JMG éditions. Un deuxième tirage en 2021.

En 2022, mon recueil de nouvelles « Hôpital, Bruits de couloir », le même que le premier, retravaillé et enrichi d’une dizaine de nouvelles inédites, est paru chez Grrr » Art Éditions.

Cette année, en septembre, sortira, toujours chez Grrrr » Art éditions, un recueil de nouvelles sulfureuses et poétiques d’un genre très particulier. Je vous en parlerai lorsque j’en aurai le droit.

Que me réserveront les années futures avec trois romans, « aboutis » comme on dit, dans mes tiroirs ?

 














 
 
 

7 תגובות

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Robert
05 במאי
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Véritable artiste dans l’âme, sans aucun doute, bravo Muriel…

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Petits Bonheurs "Elisa"
04 במאי

Bonjour,

C'est avec grand plaisir que je découvre ton blog. C'est notre passion commune qui m'a fait te connaitre. La peinture que tu as fais de notre Anouchka est en bonne place dans notre séjour. Je me souviens que lorsque j'ai ouvert le paquet mes larmes coulaient d'émotion.

Bien-sûr notre Anouchka n'est plus mais la peinture (si réaliste et si vraie) est toujours là !

Puis j'ai acheté ton livre "Hôpital, bruits de couloirs" que j'ai offert à ma fille (qui est infirmière en Suisse). Il me fera plaisir de te suivre !

Je te souhaite un bon dimanche

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murielmartinellaauteur
murielmartinellaauteur
04 במאי
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Je suis tellement contente d'avoir de tes nouvelles Elisa, oui, nos boubous restent toujours dans notre coeur, Rhéa, Maya, Cancun (sosie de ton Anouschka) mes femelles, Ugo mon mâle... En ce moment, nous avons un lagotto romagnolo tout aussi attachant dans un registre très différent. (beaucoup de caractère !) Il est surtout attaché à mon mari qu'il suit comme son ombre. Il aura 7 ans et nous envisageons avec effroi le temps où il ne sera plus là, car ce sera certainement notre dernier chien. Dieu comme on s'attache... Mais quels souvenirs vivaces ils laissent ! je t'embrasse Elisa, continue à nous offrir tes photos magnifiques...

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Frédérique
03 במאי
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Tes peintures naïves sont vraiment très jolies et tes chiens magnifiques. Quel parcours éclectique ! Et quelle ténacité ! Tu sais tout ce que je te souhaite pour le chapitre déjà largement ouvert consacré à ta carrière d'écrivain. Amitiés.

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murielmartinellaauteur
murielmartinellaauteur
04 במאי
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Oui, c'était une belle période à laquelle je repense avec bonheur sans nostalgie pour autant, je suis passé à autre chose comme on le fait tous dans la vie, tu en sais quelque chose... Merci de ton amitié et de ta fidèlité... A bientôt pour nos échanges.😘

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אורח
03 במאי

Bonjour Muriel

je suis ravie de vous retrouver sur ce blog. Et du coup, je connais tout votre parcours. Bravo ! Un travail acharné qui porte semble-t-il ses fruits, j'ai lu vos deux livres et j'ai réellement apprécié l'émotion qui s'en dégage et l'humour toujours présent aussi ! Je vous avais promis de venir un jour faire un séjour chez vous et je viendrai avec mon mari dès que possible. Pour le seul plaisir de vous rencontrer, en Vrai ! Alors à bientôt. Monica

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Muriel Martinella
03 במאי
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Cela fait vraiment plaisir de voir un commentaire sur un message jeté comme une bouteille à la mer. Surtout venant d'une lectrice qui a lu mes deux livres ! Et ce serait un réel plaisir, Monica, de vous voir à la Bastide des Dolmens. J'ai regardé également ce que vous faîtes et nous aurons des choses à nous raconter ! amicales pensées et beau week end à vous ! Muriel

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