Il me faut lire une dizaine de romans, à mon sens, sans grand intérêt, avant de tomber sur une pépite. Celle-ci mérite donc d’être rapportée.
J’apprends, après cette enthousiasmante lecture, que ce roman a été primé de nombreuses fois. Hé hé, je n’ai pas mauvais goût. En matière de littérature, je me sais difficile, mais saisit-on vraiment pourquoi un livre plus qu’un autre nous « parle » ?
Au commencement était le verbe. C’est d’abord l’écriture de Sandrine Collette qui m’a séduite. Des mots simples. Des phrases courtes, puissantes, saccadées, des coups d’épée. Ce qui n’empêche pas la poésie. Elle est là, à fleur de pages. Comment peut-on, en peu de mots, des mots de tous les jours, faire passer un message aussi clair et produire tant d’effet ? Peut-être parce que Sandrine Collette nous livre un récit à la manière d’un conte. Il était une fois… Comme elle nous raconterait une histoire au coin du feu.
La sobriété heureuse.
Chaque mot de son roman, par sa simplicité et sa force évocatrice, par son intensité, m’a percutée. Des mots, des phrases, que j’ai bus comme on boirait un nectar.
Prise aux tripes, je me fichais presque de l’histoire.
Et peu à peu, par ses petits vocables si simples en apparence, par ses tournures de phrase aux figures de style subtiles et efficaces, le récit m’a cueillie.
Des choses terribles.
Non non, ce n’est pas possible, ça ne va pas arriver. Et ça arrivait…
Il faut dire que le thème central, une survie post-apocalyptique, fait partie de mes sujets de prédilection. Les romans qui traitent de ce genre littéraire m’ont toujours passionnée, notamment « Le Mur Invisible » de Marlène Haushofer pour n’en citer qu’un.
La fin d’un monde et le début d’un autre…
Lorsque je l’ai commencé, ce livre, je n’en connaissais pas le sujet. Tomber dedans fut pour moi une agréable surprise.
Au début, l’enfance de Corentin, utile pour prendre la mesure de son attachement à son arrière-grand-mère. J’ai failli ne pas continuer, les récits d’enfance malmenée, une de plus, m’ennuient, mais happée par la musique du texte, j’ai continué jusqu’à ce que survienne l’anéantissement, l'apocalypse.
Corentin survit dans un monde sans soleil et sans couleurs. Une catastrophe sans doute nucléaire qui a tout dévasté. Seules les personnes se trouvant par chance sous terre, caves ou souterrains, ont pu résister au souffle infini qui embrase la surface de la planète.
Comme dans "Le Mur Invisible", la solitude est terrifiante et insupportable, les conditions de survie revenues à l'ère médiévale, dramatiques.
Un chiot a survécu, une présence salvatrice. Vu mon amour immodéré pour les animaux, l'auteure m'a ferrée comme une truite. Vous me mettez dans un bouquin un chien attachant et me voilà à dévorer les pages. (Ah, l'excellent "Dans la Guerre" d'Alice Ferney !).
Un final éblouissant.
« Et toujours les forêts », un grand roman sombre bouleversant d’humanité, une ode à la survie, un manifeste de résistance qui me hantera encore plusieurs jours après ma dernière page tournée.
Comments