Ah, décidément plus je lis du Sandrine Collette, plus je me prends de passion pour ses histoires extraordinaires nourries de sa plume puissante, effervescente.
J’avais aimé « Les nœuds d’acier », adoré « Et toujours les forêts » dont j’avais fait une critique ici même. Je viens de finir « Juste après la vague » et je suis encore toute étourdie par le ressac de son écriture qui tour à tour nous berce pour mieux nous malmener deux vagues plus loin. Une plume qui trempe dans une grenadine, puis dans le vitriol.
On ne s’ennuie jamais dans un roman de Sandrine Collette. On frémit, ça oui, on pleure aussi et l’on sourit.
J’aime être ballotée de la sorte comme une petit coquille de noix sur l’océan.
L’histoire est encore celle d’une survivance. Celle d’une famille après un raz de marée monumental dont on ne saura jamais l’origine et qui a englouti la plupart des terres. La famille tente de subsister quelques jours sur ce morceau d’île qui était auparavant une terre immense. Mais l’eau continuant à monter, il faut se résoudre à s’enfuir d’un monde qui peu à peu s’engloutit.
Une petite barque pour tous.
Les neuf enfants de ce clan familial n’y tiendront pas tous. Les parents devront faire un choix pour tâcher de sauver une partie de la fratrie. Un de ces choix impossibles qui vous scie en deux quand on est une famille aimante aux liens resserrés. Lesquels survivront ? Ceux qui restent sur la terre bientôt submergée ou ceux qui partent sur les flots d’un océan en furie ?
Deux histoires en une. Une nouvelle thématique parmi l’instinct de survie et le courage : l’abandon. Il est intéressant de suivre ceux qui abandonnent et ceux qui sont abandonnés.
L’auteure excelle pour relater la tragédie antique des sentiments des uns et des autres. La survie n’est pas la même des deux côtés.
La force de ce roman est de développer non pas une intrigue ou un thème qui génèrerait toute l’histoire, mais plusieurs.
L’auteure avoue sa phobie de l’eau, elle aura réussi à nous faire passer au travers de son écriture, cette peur de l’eau, cette angoisse viscérale qui peut nous saisir quand il n’y a que de l’eau, de l’eau à perte de vue et à perte de profondeur sous notre coquille de noix. Et quand la mer est calme, elle n’est pas complètement calme. Tout en dessous, il y a forcément quelque chose qui vit et qui nous veut du mal.
Fascinant, oppressant, pour un roman un peu initiatique et qui pose des questions sur le passage de l’enfance à l’âge adulte et sur ce que l’on est forcé de faire quand on n’a pas encore la maturité d’un adulte mais que l’adversité nous pousse à grandir d’un coup.
De la belle littérature.
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