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LE PRINTEMPS REVIENDRA de Nour Malowé

Je voudrais partager avec vous le livre le plus poignant de mes dernières lectures. Plaisir de découvrir une écriture parfaitement maîtrisée, alliage de puissance et de subtilité, pour décrire une atmosphère anxiogène sans tomber dans le misérabilisme, bonheur d’être née là où je suis, sur un sol démocratique en souhaitant qu’il le soit toujours.

Un récit dense, bouleversant pour aborder un sujet qui fait l’actualité, à l’heure où les talibans ont rajouté au calvaire des femmes l’interdiction de communiquer entre elles.

Nouré Malowé en excellente narratrice nous fait vivre les choses, non pas lorsqu’elles arrivent, mais par anticipation. Car son héroïne Marwa, pour avoir vécu sous le régime des talibans vingt ans auparavant, sait pertinemment ce qui va se passer au retour de ceux-ci. Et cette perspective est glaçante et ne manquera pas d’arriver, on le devine.

Nous sommes à Kaboul en Afghanistan, et pour le moment, Marwa est chirurgienne dans un hôpital et passe ses journées à sauver des vies. Son mari est journaliste, ses grands enfants font des études, sa fille veut être médecin comme elle, mère et filles sont heureuses et libres. C’est sans compter le changement de régime qui est en train de se mettre en place. C’est imminent et le compte à rebours a commencé.

D’une plume extraordinaire qui ne nous ménage pas, Noure Malowé nous fait vivre le chaos qui peu à peu s’empare du pays les dernières semaines avant la montée au pouvoir des talibans.

Les éditions Récamier se sont intéressées aux écrits de Noure Malowé que j’ai connue alors qu’elle s’appelait Isabelle, décelant dans ses premiers ouvrages  le potentiel de sa carrière d’écrivain. Elle était alors dans une toute petite maison d’édition ROD qui par la suite a mis la clé sous la porte alors que mon contrat avec cette maison était signé et la parution de mon roman, qui du fait ne sortira jamais, programmée.

Isabelle Malowé a écrit d’autres livres depuis tous parus aux éditions 7e ciel, avant de signer avec cette grande maison qu’est Récamier sous le nom de Nour Malowé. Souhaitons-lui tout le succès qu’elle mérite…

 

Résumé :

IlPro

"Ils peuvent tuer toutes les hirondelles, le printemps viendra quand même" (proverbe afghan).

Afghanistan, juillet 2021. Kaboul s'habille pour la guerre. Les troupes américaines ont déserté et les talibans sont aux portes de la ville. Marwa, chirurgienne et mère de trois adolescents, le sait : les autrefois sont des lendemains. Ses enfants connaîtront ce qu'elle a vu, vingt ans auparavant. Comment les protéger ? Comment empêcher ceux qui viennent de tout détruire ? Les femmes revêtent leur burqa bleue, les commerçants repeignent leur devanture, la musique cesse de retentir. La peur est une enclume. Pire que la mort. Même si les causes perdues ne le sont jamais, Marwa peine à entrevoir une issue heureuse. Elle est face à un choix impossible : fuir ou rester. Mais fuir où ? Pour quelle vie ? D'une écriture fulgurante et poétique, et à travers le regard de Marwa, héroïne du quotidien se battant contre la fatalité de son destin et de celui de toutes les femmes afghanes, Nour Malowé décrit ces jours interminables, du 4 juillet au 15 août 2021, qui scelleront pour longtemps le futur des Afghans.

Prix littéraire de la Grande Mosquée 2024

Première sélection prix André Malraux 2024


Extrait : (quand Marwa ressort sa vieille burqa bleue de l'armoire où elle était enfermée depuis 20 ans)


« Elle la pose sur son lit. Le tissu est intact. Marwa voit son visage dans le grand miroir. Elle se dit : Pas moi. Elle a bientôt cinquante ans et son mari la trouve belle. Elle a au fond des yeux une lumière vive et un teint splendide. Une silhouette gourmande et quelque chose que son mari ne veut pas lui dire. Elle ignorera le mystère de son désir. Elle est ici protégée. Des murs. Ceux de sa maison. Une villa dans un quartier sécurisé, dans la zone verte de Kaboul. Les attentats, en général, ravagent au loin. Mais les fragilités des choses, l’instabilité de la situation établissent ceci : quand ils seront là, ce quartier sera le plus obscur de la ville. On y détruira tout.

Marwa ausculte le tissu. Pas d’accrocs. Il suffirait qu’elle le repasse. Elle peut l’enfiler. Marwa appelle sa fille.

C’est une cérémonie. Et cette cérémonie est d’une gravité extrême. Pour vivre cela, elle appelle celle qui est la plus à même de comprendre. Celle qui est concernée au-delà des autres.

Shor arrive. Elle voit le tissu, étalé sur le lit de sa mère. L’étoffe est si déployée que la jeune fille en reconnaît la fonction, l’usage et le but.

Elle interroge sa mère. Elle pose la question en silence, d’un regard qui pleure. Marwa et Shor s’observent dans le calme, comme une étreinte.

— Mets-la-moi, dit Marwa. Je n’ai pas la force de le faire seule. »


Extrait de: Nour Malowé. « Le printemps reviendra. »



 

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3 Comments

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Guest
Nov 04
Rated 5 out of 5 stars.

Merciiii

Je vais me le procurer

Je suis une inconditionnelle d'Isabelle, et votre regard sur son roman devrait être diffusé au monde entier. Q Malheureusement il ne pourra JAMAIS etre traduit... Tant ses mots sont irremplaçables

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Guest
Nov 02
Rated 5 out of 5 stars.

Un livre très émouvant

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Frédérique Sallet
Frédérique Sallet
Nov 02
Rated 5 out of 5 stars.

Les chroniques de Muriel donnent toujours envie de la suivre dans ses lectures. Celle-ci, d'une douloureuse actualité, ne fait pas exception.

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