Si vous aimez les thrillers avec rebondissement à chaque page,
si vous aimez dévorer les livres, une seule idée en tête, connaître la fin et qui a tué qui, celui-ci n’est pas pour vous…
Je referme la dernière page de ce superbe et profond roman « les déracinés » de Catherine Bardon publié aux Escales, un brin nostalgique déjà, mais pas trop. Il faut bien une fin à tout, à un livre comme à toute chose, et puis cela faisait plus de 600 fois quand même que je les tournais, ces pages.
C’est pourtant le genre de roman que je garderai en tête, après m’être attachée aux personnages, à l’ambiance juste et lente du récit qui s’inspire d’une histoire vraie. Car c’est à la fois une révélation historique et une grande et belle histoire d’amour que nous raconte Catherine Bardon à laquelle a été sensible mon petit côté sentimental.
La plupart d’entre nous n’a jamais entendu parler de Sosua, cette jolie petite station balnéaire situé au nord de la République Dominicaine. C’est pourtant ce modeste bout de paradis qui constitua, pour de nombreux Juifs, la seule chance de survie à l’enfer de l’Allemagne Nazie, juste avant la guerre, quand tous les pays du monde, les États-unis compris, avaient fermé leurs frontières aux réfugiés juifs qui tentaient de fuir l’Europe. Le dictateur de la République Dominicaine de l’époque avait invité 100 000 Juifs à venir s’installer sur son île. Seuls 650 Juifs réussirent à en tirer profit et à rejoindre l’île.Le président Trujillo leur donna des terres à cultiver et du bétail à élever. Leurs fermes prospérèrent au point où certaines d’entre elles devinrent d’importantes entreprises du secteur agroalimentaire local.
C’est cette aventure humaine, à la fois rude et paradisiaque, qu’a choisi de nous conter Catherine Bardon.
Une fresque historico-romanesque où l’on s’installe, bien enraciné dans son fauteuil au coin de la cheminée, et qui nous transporte géographiquement et sentimentalement. On suit, captivé, les destins d’Almah et Wilhelm,ce couple juif exilé de l’Autriche jusqu’aux plages des Caraïbes. Le récit s’étire, prend son temps pour nous dépeindre d’abord ce long exil qui dura une année, son installation en pays d’adoption, terre hostile au milieu de nulle part malgré l’attrait des plages paradisiaques. On sent la chaleur, le vent, la poussière…
L’auteur fait aussi la part belle à l’amitié et aux relations humaines. Bref, ce roman est complet et satisfait tous nos sens, toutes nos attentes. Je ne m’étonnerais pas qu’une belle épopée filmographique en soit tirée.
Je viens d’apprendre qu’il possède une suite. « L’américaine ». Certains en seront heureux.
Moi, je ne la lirai pas, je n’aime pas les sagas. Et comme je le disais en début de chronique, il faut bien une fin à tout, même à un livre. Aussi merveilleux soit-il.
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