Je viens de finir un livre très dur. Âmes sensibles s’abstenir. Pourquoi lire sur la mort en ces périodes anxiogènes, me direz-vous ? Peut-être parce qu’elle fait partie de la vie et que c’est une expérience à partager. Dans notre société, on ne parle pas assez de la mort et pourtant, elle est aussi importante que la naissance.
Ce livre raconte les cinq mois d’accompagnement de l’amoureuse, l’amante, la femme qui reste et qui a accompagné jusqu’à son dernier souffle l’amour de sa vie.
Cinq mois, pas un de plus, entre le premier mal de tête et le décès dû à une tumeur extrêmement envahissante du cerveau. C’est court et en même temps suffisamment long pour permettre au couple de se dire tout ce qu’il avait à se dire avant les premiers dérèglements neurologiques.
L’auteur, Isabelle Filliozat est psychothérapeute. Elle a enseigné à des centaines de familles et aux éducateurs, l’écoute et l’accompagnement des émotions. Elle déploie ici son expérience et son intuition des ressorts humains comme si les quarante années passées à approfondir l’intelligence du cœur l’avaient préparée à ces seuls instants.
L’accompagnement à la mort est important pour donner un sens à une fin de vie. Expérience qui relève de l’intime et qui nous est rapportée ici, l’amour toujours au centre.
On peut ne pas avoir peur de la mort, éprouver même une sorte de curiosité pour « l’Après » et être terrifiée par la perspective des derniers instants, par ce que l’on nomme l’agonie.
L’agonie. Cette intimité partagée m’a hantée des nuits durant. Entre le moment où Jean-Bernard dit « je vais mourir » et son départ, il s’écoulera trois longues semaines qui nous sont rapportées dans leurs moindres détails. Pour garder une proximité physique, son épouse entasse des matelas les uns sur les autres à côté du lit médicalisé pour dormir à la bonne hauteur de son mari.
Rien ne nous sera épargné, ni l’odeur qui règne dans la chambre chargée de l’haleine putride du moribond, ni ses derniers râles…
Cette hospitalisation à domicile voulue mais qui, malgré une équipe d’infirmière formidable, se révèle assez compliquée du fait d’un médecin démissionnaire, soulève bien des questions. Ne vaudrait-il pas mieux, pour le confort du malade et le réconfort de ses proches, s’en remettre aux soins palliatifs de l’hôpital ?
Terrible cas de conscience…
Récit courageux, témoignage poignant d’une traversée dans un travail d’écoute, d’intelligence émotionnelle et de réconciliation d’où l’amour sort vainqueur.
Comments