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QUAND UN TEXTE PASSE À LA MOULINETTE...

Cet article s’adresse aux gens qui aiment écrire ou qui s’intéressent à la création d’un texte.

Je me suis procuré Antidote, un logiciel qui traque un vaste registre de fautes avec des filtres intelligents. Pas seulement les fautes d’orthographe, celles de syntaxe, de typographie et d' erreurs de style également.

Je pensais mon dernier manuscrit corrigé. Je me trompais lourdement.

Je viens d’y passer encore deux mois d’été, allongée dans mon transat l’après-midi, ou dans mon lit jusqu’à tard le soir, pressée d’en finir, mais agitée d’une soif inextinguible du travail bien fait.

J’ai commencé par les fautes d’orthographe et les erreurs de langue. À mon grand étonnement, il y en avait, et pas qu’un peu. Des coquilles énormes qui étaient passées au travers du laser de mes yeux. Par exemple, dans cet article même, j’avais ajouté un « e » à procuré(e) appliquant bêtement la règle du « quand je peux dire, « je me suis prise », c’est qu’il faut mettre un  e ». Sauf qu’il s’agit là de la forme pronominale et « procuré » reste ici invariable puisque son complément d’objet direct est placé après. Cela, c’est Antidote qui me l’a rappelée (l’école primaire est loin).


Puis je suis passée à la typographie qui m’a supprimé ou placé des espaces adéquats comme l’intérieur des guillemets ou des parenthèses, qui a su m’indiquer où mettre un point à l’intérieur ou à l’extérieur d’un guillemet. Sans parler des espaces sécables ou insécables... Bref, un amusement sans fin.


Dans la partie «style », les répétitions ont été soulignées. On ne peut s’imaginer le nombre de fois où l’on se répète surtout lors d’une énième lecture. Un mot nous vient en tête, paf, comme une illumination et l’on oublie qu’on l’a déjà employé deux lignes plus haut.


Puis le logiciel s’est attaqué aux tournures. Là, il y avait du taf. En effet, le logiciel n’aime pas les tournures passives qui en surnombre peuvent donner au texte une atmosphère désincarnée. Exemple de tournure passive : « Un exemplaire du livre a été remis par l’auteur à chaque visiteur. » La tournure active sera : « L’auteur a remis un exemplaire du livre à chaque visiteur. » Plus simple, non ? Mais c’est souvent la première formule qui vient à l’esprit.

Antidote ourle aussi de rouge les phrases trop longues. Élaguons, élaguons ! Tranchons dans le vif !


Il n’aime pas non plus les formes impersonnelles qui risquent d’alourdir inutilement le texte. Exemples : Plutôt que « Il lui faut deux assistants et une voiture supplémentaire», préférer «Il aura besoin de deux assistants et d’une voiture supplémentaire. »


Il déteste aussi (et c’est ce que j’ai trouvé le plus difficile à supprimer) les phrases adverbales, c’est-à-dire des phrases non verbales. J’en écris beaucoup, car j’adore les phrases sans verbes. Une phrase sans verbes peut conclure abruptement un développement en une phrase-choc. Elle peut au contraire, par sa brièveté, constituer le tremplin avant un long développement. Elle peut exprimer une émotion forte : surprise, fermeté, colère. Elle peut simplement conclure une longue phrase dont elle est détachée. Me rendant compte qu’il y en avait trop, j’ai dû reconstruire, car si ces phrases sans verbes peuvent créer plusieurs effets intéressants, elles peuvent aussi briser le flot de lecture. Parfois, il vaut mieux reformuler en complétant la phrase par un sujet et un verbe qui facilitent et adoucissent la lecture. Exemple de phrases sans verbes

: « Coup de génie ! », « Rien de moins. », "Résultat : un succès bœuf.»

Phrases sans verbe principal : « Quel que soit le mode employé », « Sans parler de la suite ».


Puis, il y a les lourdeurs détectées… Ces poids lourds qui plombent le récit. Certaines formulations peuvent empeser inutilement un texte sans pour autant être fautives. Les simplifier ou les éliminer peut aider à rendre le texte plus fluide et plus précis. Une lourdeur peut être remplacée par un groupe nominal, par exemple : « ce que tu dis → ton propos ».

Il y a les cascades de compléments qu’il faut traquer aussi. Exemple : « Elle sait pertinemment que tu attends qu'elle dise finalement qu'elle t'aime ».


Loin de moi l’idée de faire l’apologie d’un logiciel pour lequel je ne détiens aucune part, je vous rassure. De plus, c’est un robot, chaque erreur constatée doit être vérifiée et rien ne remplace l’œil et l’intelligence humaine. Mais quand même, il m’a permis en deux mois de revoir chaque mot, chaque tournure de mon texte et de l’améliorer.

Il est fin prêt. Et c’est parti une fois de plus pour une recherche d’éditeur…

Et là, c’est une autre paire de manches.


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