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Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour

  • Photo du rédacteur: murielmartinellaauteur
    murielmartinellaauteur
  • 3 juin
  • 3 min de lecture

Cette histoire d’amour a réussi à me bouleverser alors que son écriture ne me convenait pas. Comme quoi le ramage l’emporte sur le plumage.

Le sujet avait tout pour m’intéresser pour trois bonnes raisons : cela parle du rapport entre un maître et son chien, le chien est un boubou ( bouvier bernois, race de chiens dont je suis folle et avec lesquels j’ai constitué, dans une autre vie, un petit élevage ) ; cela se passe à Sallanches en Haute-Savoie ( où j’ai passé 40 ans de ma vie ).

Mais l’écriture. Ah, l’écriture… Mon Dieu.

Un style ampoulé, voire boursoufflé, pédant. Un langage incompréhensible pour certaines phrases tellement le propos est biscornu comme pour échapper aux codes de la littérature classique.

Le monsieur s’écoute écrire, cela se ressent et c’est insupportable.

La préface de Jean-Paul Dubois est plus fluide et engage à commencer sa lecture.

Comme j’en veux à Cédric Sapin-Defour d’avoir utilisé ce sujet pour y coucher sa prose.

Et pourtant, c’est un livre que je recommanderais, car si on enlève les premières pages ( longues, longues ) et les dernières ( longues, longues ) composées d’interminables logorrhées (blabla prétentieux pour présenter des banalités ou une analyse plus ou moins cohérente et fondée de la situation — voilà pour la définition, chose que devrait faire l’auteur— ), le milieu, lui, se déchiffre plus facilement. On s’attache au récit de cette belle histoire d’amour entre un maître et son chien tant que celui-ci est en vie. Le reste n’est qu’élucubration.

 

Si j’avais été l’éditrice de ce livre, j’aurais sabré ces passages sans pitié, l’aurais engagé sous la torture à en réécrire certains et le livre aurait pu être parfait.

300 000 lecteurs ( jalouse, va ! ) l’ont acheté pourtant, en l’état, sans que j’en sois son éditrice. Gageons qu’avec moi, il aurait frisé le million d’exemplaires vendus.

 

Soulevons de beaux passages d’humour et de tendresse où il fait bon se reconnaître dans nos rapports avec nos chiens. La mort du sien est racontée superbement et m’a attiré bien des larmes malgré ses 14 ans, âge plus que respectable pour un bouvier bernois.

Quand Cédric Sapin-Dufour fait parler son cœur au lieu d’aller taquiner ses facultés cérébrales, c’est du tout bon.

Puisse-t-il s’en rendre compte.

 

RÉSUMÉ

C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien. Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien. Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question. Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.



L’AUTEUR

Auteur, journaliste et alpiniste né en 1975, Cédric Sapin-Defour se définit comme un " amateur éperdu de la montagne et curieux du genre humain... " S'il se fait l'écho de nos pratiques dans la presse généraliste ( Libération) et la presse spécialisée ( Montagnes Magazine), c'est toujours avec un regard distancié et engagé qu'il pique là où ça gratte ou qu'il questionne pour élargir le débat. Il cultive un humour que d'aucuns diront caustique qu'il double d'une infinie tendresse. Gravir les montagnes est une affaire de style est son troisième livre après Le dico impertinent de la montagne et Qu'ignore-je ? L'alpinisme.



 
 
 

1件のコメント

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ゲスト
il y a 7 jours
5つ星のうち5と評価されています。

Magnifiquement chroniqué !

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