Laissez-moi aujourd’hui, en ce jour J-1 avant la sortie de l’Appel des Launeddas vous conter la longue genèse de ce roman que je porte en moi depuis 17 ans. Tout a commencé en l’an 2000. J’habitais à l’époque en Haute-Savoie pas très loin d’Annecy et nous y allions de temps en temps y passer des journées fort agréables. Ce décor de carte postale est vite devenu le théâtre de mon histoire mais ce n’était pas suffisant. J’avais besoin d’un pays de contes et légendes pour transposer l’aspect sulfureux de ce roman. Après un passage à la bibliothèque municipale, un guide de la Sardaigne sous le bras, mon choix s’est fixé sur cette île envoutante qu’à l’époque je ne connaissais pas. Mais je n’arrivais pas à trouver la structure adéquate. Le livre à ses débuts comportait trois voix narratives auxquelles manquait un fil conducteur qui aurait pu les relier. (voir en pièces jointes ce refus de Françoise Chaffanel-Ferrand des éditions Albin Michel qui date du 12 décembre 2000. Encore une fois je suis rattrapée par les dates anniversaires… vous comprendrez en poursuivant votre lecture) Car l’action de ce livre débutant en 2000, devait au final se projeter dans le futur, en octobre 2017. Que cette date à l’époque me paraissait loin ! Bref, après les refus des éditeurs, le livre se coucha pour une longue sieste dans un tiroir et on n’en parla plus. Un des protagonistes de cette histoire se suicidait par pendaison. L’héroïne, elle, était dotée de facultés médiumniques. Sa blessure secrète : ne pouvoir enfanter. Une grande partie de ce roman se déroulait en Sardaigne. 5 ans plus tard, en 2005, une tragédie familiale est venue me frapper de plein fouet : le suicide de mon jeune frère à l’âge de 35 ans. Il s’est donné la mort de la même façon. Les hasards de la vie m’ont fait alors rencontrer une jeune medium. Je dis hasard car je ne l’ai pas vraiment cherchée. Elle vivait en Corse et nous sommes devenues amies. Sa grande douleur était de ne pas pouvoir avoir d’enfants. Lorsque j’ai voulu raconter cette expérience dans un livre (Au-delà de David), j’ai été stupéfaite de constater les points communs de ces deux livres. Comme si l’Appel des Launeddas avait été le premier jet du deuxième : les mêmes descriptions de paysage, des us et coutumes similaires, une même gastronomie, et surtout la propension au surnaturel qui a marqué la personnalité de ces deux îles jumelles (la Corse et la Sardaigne), un suicide par pendaison, une médium aux pouvoirs extraordinaires et ce sujet de l’infertilité. Lorsque 16 ans plus tard mes vacances m’ont pour la première fois conduite en Sardaigne, j’ai bien sûr repensé à ce roman, mais sans plus. Ce n’est qu’au printemps dernier que je m’y suis attelée, le reprenant intégralement. (j’ai changé le mode du suicide, il me fallait le faire). En octobre dernier, soit 17 ans plus tard, j’étais en Sardaigne pour réécrire la partie du livre qui la concernait. J’ai traîné mon mari dans tous les lieux cités, recherchant la petite maison d’Iddo sur la falaise et ce village où se situe l’action. J’ai enfin trouvé la structure et le fil conducteur pour rassembler mes trois narrations. Et j’ai pu apposer le mot fin en octobre 2017, comme je l’avais prévu en 2000… Pour moi, c’est incroyable. Pour ceux qui seront venu à bout de ce long récit, comprenez l’émotion, l’attente et l’appréhension qui m’assaillent à la veille de vous livrer ce roman…