Personne ne m’interroge sur le sort de mes lunettes de soleil perdues. ( voir tome 1). Tout le monde s’en contrefiche. Pourtant de belles lunettes de marque, je vous le rappelle ! avec des verres progressifs de forme ronde un peu comme celles de la photo du chat, d’où le choix de cette photo. Je vous épargne ma semaine où j’ai sillonné les commerces du coin, partout où je suis allée depuis mardi. De la fameuse poste (ô surprise, il y avait de véritables gens à l’accueil, faits de chair et d’os ! Si c’était des robots, ils étaient parfaitement imités et se mouvaient comme de vrais humains allant jusqu’à se retourner pour inspecter derrière eux l’étagère d’objets oubliés.) Cela valait le coup que je me déplace. Ils ont été très désolés de l’inanité de ma démarche. J’ai téléphoné également à mon kiné ainsi qu’à mon magasin Bio de la ville voisine. J’ai fouillé ma voiture de fond en comble, avançant et reculant les sièges, ai mis les doigts dans tous les interstices. J’ai remué la maison de la cave au grenier. Chaque recoin, chaque tiroir a été fouillé. Je n’en ai pas touché mot à mon mari. Déjà que je suis, à ses yeux, trop distraite…

Jusqu’à ce que ce matin, il me lance négligemment : tu n’aurais pas perdu tes lunettes, par hasard ? MON SANG N’A FAIT QU’UN TOUR, comme on dit dans les romans de gare. En même temps que j’assimilais ces précieuses paroles, je vis sa main levée, brandissant mes fameuses lunettes. Mais où étaient-elles ? me suis-je exclamée dans un cri libératoire. Et la réponse fut : (L’avouerai-je, ne l’avouerai-je pas ? tant j’ai honte). Dans le réfrigérateur ? que nenni. Dans ma boîte à bijoux ? que nenni. Je vous le donne en mille : le bandit, le vaurien, le chenapan, le sacripant me les avait cachées ! Oui, cachées ! Pour me donner une petite leçon ! « La prochaine fois, tu les rangeras dans leur étui ! » Bandit !