Alice au pays des merveilles
- murielmartinellaauteur

- 10 août
- 2 min de lecture
Je lis « Les Bourgeois » d’Alice Ferney et suis sous le charme. Retrouver la précision, l’élégance sans fioritures de sa plume lumineuse. Quel bonheur !
Nous avions échangé quelques courriers en 2003. Elle n’était alors pas aussi connue qu’à présent. J’avais encensé dans une lettre enflammée les merveilles que sont ses livres. « Dans la guerre », ce roman poignant magnifiquement écrit, où l’on découvre dans Prince, chien-soldat, patrouilleur, sentinelle, aide-infirmier, confident muet, le rôle des compagnons silencieux qui sauvèrent des vies humaines et permirent aux soldats durant la Grande Guerre de tenir le coup moralement.
J’avais adoré sa « conversation amoureuse » qui est pour moi le livre de l’Amour avec son asymétrie et sa complexité, une conversation faite de silences et de trouble qui révèle la magie du commencement d’un couple.
Dans « Grâce et dénuement », une libraire initie des enfants gitans privés de scolarité à la lecture. Tout est dans le titre. Un récit puissant pour décrire avec réalisme l’humanité de cette communauté, leurs rapports passionnés, leur fierté et leur extraordinaire appétit de vivre.

Sur cette carte postale retrouvée, Alice m’écrit d’Hossegor où elle passe ses vacances de Toussaint. Elle m’encourage à persévérer alors que je ne trouvais pas d’éditeurs, à chercher ma propre musique, à rédiger le texte qui me plaît… et comme je soulignais combien ses ouvrages pouvaient apporter de stimulation à ma propre écriture, elle me répondit qu’elle serait très heureuse un jour d’apprendre que ses livres en avaient fait naître d’autres. C’est le cas. « Grâce et dénuement » m’a poussé à écrire « Bad Boy » ( en recherche d’éditeur ), une histoire qui se passe également dans une communauté manouche.
Mon recueil de nouvelles « Hôpital, « même pas mal » sorti en 2007 aux éditions Après la lune a coïncidé avec une dédicace qu’Alice Ferney devait assurer dans un petit village de Haute-Savoie où j’habitais alors. Dans un coin perdu où l’étaient de vieux chalets et où deux pelés et trois tondus étaient probablement attendus pour cette signature. Je me suis demandé ce qu’elle venait faire dans ce patelin. De plus, une tempête s’annonçait. Le ciel noircissait et les premiers flocons voltigeaient avec une innocence feinte. Néanmoins, rien n’aurait pu m’arrêter. Je pris mon volant (et mon courage) à deux mains pour braver la tourmente et grimper à sa rencontre, un exemplaire d’Hôpital dédicacé à son attention sous le bras. J’ai failli plus d’une fois atterrir dans le fossé malgré mes pneus neige.
Parvenue devant la salle de dédicace, je trouvais porte close avec un mot scotché dessus. La merveilleuse Alice avait eu peur de la neige… Rendez-vous manqué !
Plus de vingt après, j’ai toujours son exemplaire.
Alice, si tu me lis…






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