J’ai du retard à rattraper dans mes chroniques, j’ai lu tant d’excellents livres cet été… À commencer par celui de l’un de mes auteurs américains favoris (eh oui, l’écriture inclusive et moi ne faisons pas bon ménage !). Celle dont j’ai lu la majorité de son œuvre sans toutefois prétendre à une liste exhaustive vu que la dame dégaine les romans plus vite que son ombre), bref, la dénommée adorée Joyce Carol Oates : « Boucher ».
Je savais que la dame ne mâchait pas ses mots, que son écriture pouvait être aussi littéraire que brute de décoffrage. C’est le cas ici, tout en étant toujours admirablement bien écrit..
J’adore plus que jamais Joyce Carol Oates. Celle qui nomme un chat un chat et non pas un petit minou. La documentation qui a accompagné son roman n’est pas à prouver. L’auteur maîtrise son sujet, s’est informée, a enrichi son récit de faits authentiques et véridiques.
Il ne faisait pas bon au 19e siècle de souffrir de problèmes gynécologiques tels un utérus rétroversé ou une descente d’organes, de vaginisme ou d’inhibition sexuelle ou son contraire (tout autant blamé !)... Il se pouvait que nos maris de l’époque nous expédient vite fait à l’asile et ceci sans impunité. Et une fois à l’asile, les traitements s’avéraient pires que le mal lui-même, agravés par des remèdes inadaptés. Et si l’on avait la malchance de tomber sur un apprenti sorcier tel que Silas Weir, père de la gyno-psychiatrie pour lequel les patientes « aliénées » (l’étaient-elles vraiment ?) servaient de cobaye aux expérimentations chirurgicales, ça devenait chaud, très chaud. On ne donnait pas cher de notre peau, à l’époque.
Vous l’aurez deviné, on est bien loin de l’insipide « Bal des folles » de Victoria Mas qu’un grand nombre de lectrices ont encensé et dont, vous vous en doutez, je ne fais pas partie pour m’y être fermement ennuyée.
« Boucher » est pour moi un grand cru de Joyce Carol Oates. On y retrouve le thème qu’elle a tant exploré sur l’esclavagisme, à la différence près que les femmes aliénées remplacent ici le peuple africain asservi.
Attention, pour âmes sensibles ça clignote orange, pour lecteurs ouverts aux faits historiques rapportés sans langue de bois (mais avec une langue soutenue), c’est feu vert ! Allez-y et régalez-vous !
Résumé :
Le terrifiant récit d'un médecin prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXLe terrifiant récit d'un médecin prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale.
Humilié par une accusation mettant en cause son professionnalisme, le Dr Silas Weir, " père de la gyno-psychiatrie " au XIXe siècle, est contraint d'accepter un poste à l'Asile des femmes aliénées de Trenton, dans le New Jersey, où il sera autorisé à poursuivre sa pratique, sans contrôle pendant des décennies. Il s'impose rapidement comme un pionnier de la chirurgie, sans hésiter à soumettre les femmes aux modes d'expérimentation les plus abjects. L'ambition de Weir est exacerbée par son obsession pour une jeune servante irlandaise, nommée Brigit, qui devient non seulement sa principale patiente, mais aussi l'agent de sa destruction. Raconté par le fils aîné de Silas Weir, qui a répudié l'héritage d'un père trop brutal à ses yeux, Boucher est un voyage cauchemardesque allié à une histoire d'amour inattendue, dont la conclusion sera surprenante. Appuyé sur d'authentiques documents historiques, ce roman envoûte et tourmente, confirmant le talent de Joyce Carol Oates pour explorer les régions les plus sombres de la psyché américaine.
Un très bon roman