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"DERRIÈRE LA GRILLE, quand la vie gagne malgré tout" de Maude Julien, paru aux éditions Stock.


Rarement, un livre m’aura autant bouleversée…

Il ne s'agit pas d'un roman, mais d'un témoignage. Celui d’une enfance particulière qui aurait pu être brisée mais qui ne l'a pas été. Un récit digne des plus grands thrillers par la tension et l'ascension dans la stupeur qu'il provoque.


Maude a été séquestrée par son père, chef d’entreprise fortuné et respecté, dans une grande maison bourgeoise à l’écart du monde pendant 15 ans. Il est persuadé d’avoir reçu une mission capitale : faire de sa fille un être supérieur, une "élue".

Dans le but de la préserver de la pollution des autres, des « démons », son père va mettre en place une machinerie diabolique inspirée d’obscurs rites de la franc-maçonnerie : un entraînement physique et psychique, afin que son esprit emporte sur  la matière. Interdiction de rire, de pleurer, de se plaindre sous la douleur, de tomber malade. Il lui faut apprendre à se passer de sommeil,  aucun plaisir ne lui est accordé, même pas celui de manger (seule la nourriture solide lui est permise, ce qui est mou étant réservé aux faibles). On lui apprend à tenir l’alcool pris en grandes quantités dès l’âge de 7 ans (ce qui lui vaudra une cirrhose du foie à l’âge adulte) tout en tenant une arme ou en marchant droit le long d’une ligne pendant les entraînements physiques. Le labeur physique trouve grâce aux yeux du père (on lui fera charrier des brouettes pleines de sable plusieurs fois par jour pour endurcir ses muscles, participer à des chantiers de la propriété). Et, partant du principe que seuls les esprits forts survivent, elle sera par exemple, jetée dans l’eau glacée d’une piscine sans savoir nager à l’âge de 5 ans…

La musique lui sera enseignée aussi à l’excès. Le père décrétant qu’on a plus de chance de sortir vivant des camps de concentration quand on est  musicien, et ne sachant à l’avance quel instrument lui sera demandé, elle devra apprendre à jouer d'une dizaine d’instruments de musique par des professeurs particuliers (triés sur le volet pour la solidité de leurs paupières sur ce qui ce passe dans cette maison).

Sa mère, conditionnée depuis son plus jeune âge, n’offre aucune résistance à cet « entrainement » et subit elle aussi le système de l’emprise de celui qu’elle appelle « Monsieur Didier », l’ogre pour qui seul compte son monde mental.

Vous l’aurez compris, Maude a pour père un fou, mais dans son livre, et en bonne « chirurgienne de la tête » qu’elle est devenue, ne pose jamais de mots sur la maladie mentale de son père. Elle expose les faits cliniquement, sans jugements et sans pathos.

 

Ce que j’ai trouvé intéressant dans ce livre est la forte résilience de l’auteur. J’ai aimé ses combats, ses rébellions, et sa manière de trouver, dès son plus jeune âge, de quoi s’épanouir et construire son intégrité mentale. Par l’amour : en pleine tourmente de cette secte familiale à trois, elle aura eu la chance de recevoir l’amour et la tendresse sans condition de quatre êtres merveilleux : une chienne, deux poneys et un canard. Par la lecture : enfant, elle a lu « Le Comte de Monte-Cristo » et les barreaux de sa prison ont commencé à s’ouvrir lorsqu’elle s’est identifiée au héros. C’est grâce à ce genre de livre qu’elle a commencé à comprendre que son père n’était pas l’être supérieur chargé de mission qu’il prétendait être et que son enseignement n’était que formatage de son esprit.

En faisant feu de tout bois, en s’inventant des interlocuteurs imaginaires et en rencontrant sur sa route de rares personnes bienveillantes, comme ce Mr Molin, un professeur de musique, exact contraire de son père, qui lui donna la preuve que celui-ci avait tort : les humains sont extraordinaires.

Un message d'espoir revigorant...



Résumé :  

Plus de cinquante ans après, Maude Julien se souvient encore du bruit du verrou, quand la grille s’est refermée sur elle. Son père venait d’acheter une bâtisse lugubre, flanquée d’un parc, dans la région de Saint-Omer. Maude, alors âgée de trois ans, y vivra cloîtrée, sans jamais aller à l’école, sans jamais avoir d’amis. Enfermée mentalement aussi, car le patriarche veut faire de sa fille, une « supra-humaine ». Elle doit apprendre à surmonter la peur, les privations, la douleur, la solitude pour être capable de réaliser la mission à laquelle il la destine. Longtemps plus tard, elle comprendra que son père, haut dignitaire d’une obédience maçonnique ésotérique, avait échafaudé un projet vertigineux dans lequel elle tenait le rôle central.

Comment se défaire d’une emprise aussi extrême ? Où trouver la force d’échapper à un tel embrigadement ?

À dix-huit ans, Maude a réussi à quitter la prison de son enfance. Puis, au terme d’un long travail, à conquérir sa liberté.




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