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LA FAMILIA GRANDE de Camille Kouchner




Comment ! Vous ne faîtes pas partie des 300 000 lecteurs ? Il serait temps que vous vous y mettiez ! Je sais, trop d’esbroufe et de flafla autour d’un livre tue le désir de le lire.

Et pourtant…

On parle beaucoup du thème central du livre, mais trop peu de la façon dont il a été traité. Et c’est surtout cela qui m’a plu.

Le sujet, on le connait et je ne voudrais pas le banaliser : l’inceste, celui qui aurait été subi par Victor, le frère jumeau de l’autrice, par leur beau-père, le politologue Olivier Duhamel.


J’ai aimé le ton du livre pour raconter la génèse, puis le contexte de l’histoire, sans pathos, sans intention de vengeance. J’ai aimé l’écriture chirurgicale, détaillée, j’y ai même trouvé quelque poésie malgré le sordide de l’affaire.

Des règlements de compte, il y en a un peu. Papa Kouchner et sa belle Christine, malgré le changement de prénom, sont habillés pour l’hiver.

Mais aussi de l’humour, de l’autodérision et une peinture réussie de l’ambiance post-soixante-huitarde où, la gauche en étendard, les bobos intellos s’adonnent aux plaisirs de la vie dans le fou rire et une grande liberté, où adultes et enfants se baignent nus dans la piscine de la maison de vacances qui reçoit de nombreux amis, où la photo des seins des adolescentes ou de mémé sont affichés dans la cuisine…

« Croire qu’on a la chance d’être ainsi entourés… », « Mon beau-père organisait ma joie, m’apprenait à respirer ».

Où se sentir mieux en sécurité que parmi cette grande famille chaleureuse et libérale, auprès de ce beau-père follement attachant, drôle, protecteur, sorte de grand John Wayne charismatique et qu’on adore par-dessus tout ?

Puis viendront les années d’alerte permanente, des années de dédoublement, de dissociation. Des années de violentes contradictions…

« La colère n’est pas venue tout de suite, confiera Camille. L’incompréhension a subsisté longtemps… »

Puis un long silence avant qu’elle ne parle enfin.


Ce récit est une descente dans le fétide, dans l’inconvenant, dans l’ignominieux, curieusement traversée par une ode à l’amour maternel.

Car l’on ressent, malgré tout, un amour démesuré pour celle qui préféra fermer les yeux sur l’indicible plutôt que de trahir son époux.

A découvrir absolument,



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