LA FEMME AUX CENT ROMANS !
- murielmartinellaauteur

- 31 oct.
- 2 min de lecture
Hier au soir, confortablement installée dans mon lit, mon ordinateur sur mes genoux, j’ai regardé en différé, sur ARTE, ce documentaire qui m’a passionnée puisqu’il s’agissait du portrait sensible de mon auteure ( américaine ) favorite : l’immense Joyce Carol Oates, inlassable exploratrice de la psyché noire de l’Amérique !
Quelle ne fut ma surprise de découvrir que parmi plus de 100 romans écrits ( le reportage date de cinq ans ! ), son préféré était aussi le mien ( le premier d’elle que j’aie lu (et relu plusieurs fois), « Les chutes » aussi beau et tumultueux que ces chutes au charme maléfique et qui a remporté le Prix Femina étranger en 2005.
On ne parle pas assez de l’ingrédient essentiel de l’œuvre de JCO : son humour grinçant, moderne, qui peut vite se transformer en humour noir. Je suis vraiment amatrice du genre, et m’en inspire largement dans mes propres écrits. En tout cas, ce que j’aime chez elle, c’est qu’elle n’est pas, à l’instar de bien des auteurs, à tourner en boucle au centre de sa petite personne, à se tripatouiller la tête pour se chercher des poux et à faire la ronde autour de son nombril. Non, JCO qui se déclare sans grande personnalité confie être une grande amoureuse du monde extérieur. L’écriture serait pour elle le moyen de transmettre cette passion qu’elle a pour les autres à la façon d’un médium neutre ou transparent. S’oublier dans l’écriture plutôt que de parler de soi, voilà qui me va, surtout quand on sait que dans la plus fictionnelle des fictions, l’auteur se révèle bien plus que dans n’importe quelle autobiographie.
Oui, cette émission date de cinq ans. L’année d’après, elle perdait son deuxième mari. Le deuil du premier ( son Ray avec lequel elle est restée mariée 47 ans ) a fait l’objet d’un livre magnifique « J’ai réussi à rester en vie » que je conseille à toutes les veuves.
Le prochain que je vais lire est « Fox », thriller psychologique paru aux éditions Philippe Rey. Je pense qu’à l’image de « Boucher », il sera corrosif et puissant. Il mijote dans ma PAL ( Pile à lire ), précieusement installé sous mon coude. J’attends le bon moment pour le déguster. Savoir qu’il est là, à portée, me rassure. Je sais qu’au moment le plus ennuyeux d’une journée d’automne, j’aurais toujours un bon livre de Joyce Carol Oates pour me sortir de ce mauvais pas. En exergue de ce dernier roman, en guise d’apéro, ces vers de William Blake donnent le ton.
« Agnelet, agnelet,
Me voici,
Viens lécher
Mon cou blanc,
Laisse-moi tirer
Ta toison plus douce,
Laisse-moi baiser
Ta tête plus douce.
William Blake, « Printemps1 »
Découvrez cette émission en replay, je ne sais pas pour combien de temps.





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