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LES CORPS CONJUGAUX : le hasard a ses limites !

Dernière mise à jour : 13 mars 2020

Je viens de finir « Les Corps Conjugaux » de Sophie de Baere publié aux éditions JC Lattès avec des sentiments mitigés : avoir passé un moment de lecture intense, (je n’ai pas pu lâcher le bouquin), associé à la sensation d’avoir été prise pour une lapine de trois semaines.

Une fois le tour de force du départ de l’intrigue accepté, celle-ci tient la route et bouleverse, dérange à un point inimaginable à mesure que l’on progresse dans l’histoire.

Mais ce début… Je ne parle pas du début du livre qui m’a intéressée dès la narration de ce cas navrant et malheureusement courant d’une mère qui mise tout sur son enfant (Alice) et qui attend d’elle de réaliser le rêve qu’elle n’a pu elle-même accomplir. (en l’occurrence, consacrer son enfance et son adolescence à prendre la pose pour des catalogues publicitaires et à défiler lors de concours de beauté). Non, je parle bien du début de l’intrigue. Car celle-ci débute vraiment alors qu’Alice devient adulte :

A dix-huit ans, Alice part étudier à Paris. Elle y rencontre Jean. Ils s’aiment intensément, fondent une famille, se marient. Pourtant, quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît. Les années passent mais pas les questions. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi Alice a-t-elle abandonné son bonheur parfait, son immense amour, sa fille de dix ans ?

La réponse est au-delà de ce que l’on peut imaginer et je ne peux, au risque de spoiler, vous la révéler.

Tout ce que je peux vous dire est qu’elle contient un sujet tabou, l'un des plus grands qui soit.

Ce n’est pas le sujet par lui-même qui m’a choquée, mais le fait qu’on essaie de me faire croire qu’un concours de circonstance, complètement tiré par les cheveux, ait été le point de départ de cette histoire. J’aimerais connaître la probabilité qu’un tel cas de figure puisse se produire dans la vraie vie. Très faible sans doute. Trop faible pour que je puisse y croire une seconde. Le hasard a ses limites,

Vous voilà captivé, pas vrai ?

Je vois que dans les critiques, les lectrices se posent la question « Qu’aurais-je fait, moi, à la place d’Alice ? » Question qui pour moi ne s’est pas posée du fait de la situation que j’ai jugée improbable. Un roman est une fiction, soit, mais on a besoin d’y croire un petit peu pour adhérer, d’un minimum de vraisemblance. Or, lorsque le fameux sujet tabou a été révélé, je me suis crue d’abord dans un livre de Guy des Cars, cet écrivain prolifique qui a diverti mon adolescence par ses romans distrayants et superficiels aux histoires d’amour impossibles. L'écriture magistrale de Sophie de Baere en plus.


Et puis, une telle dose de malheurs et de drames réunis dans une même famille est presque inconcevable. Le pire est qu’on ne voit aucune solution à leur malheur. C’est terrible d’imposer cela à un lecteur, on en vient à souhaiter qu’ils se suicident tous, on ne voit pas comment les choses pourraient s’améliorer…


L’intrigue est néanmoins captivante, assez pour me harponner jusqu’à la fin. L’écriture poétique et forte a fait le reste. Car la belle Sophie écrit bien. Presque trop bien.

Peut-on écrire trop bien ? A mon avis, oui. J’ai l’impression que Sophie de Baere s’écoute écrire. Une écriture lyrique, mais je pense que trop de lyrisme tue le lyrisme. Trop de figures de style, on le sait, en tuent les effets …

Et pourtant, c’est ce que je recherche dans un roman, le style de l’auteur, sa petite musique… Pour le coup, la musique était un brin trop forte, je n’entendais plus les paroles. Dommage ! Y aurait-il eu à peine moins d’ardeur dans sa recherche de mots, ceux-ci m’auraient davantage séduite.

J’ai aimé cependant l’énergie franche des évènements. Sophie de Baere ne fait pas dans la dentelle et ne nous épargne pas. Rarement un auteur va au bout de ce qu’il veut raconter et j’ai aimé ça, même si quelquefois, la lecture est rude.

J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce roman, son sujet est très peu traité en littérature, et qu’on y croit ou pas, il ne laissera personne indifférent. Allez-y !



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