Ce n’est pas souvent que je parle de mes lectures. La plupart du temps, je trouve qu’elles ne valent pas la perte de temps que demande une chronique. Exception faite aujourd’hui avec celle que je viens de terminer : « Mon mari » de Maud Ventura.
Une couverture et un titre au petit côté suranné qui m’ont intriguée.
Je l’ai adoré.
Il s’agit d’un premier roman publié chez l’excellent éditeur « Iconoclaste » (chez lequel traîne l’un de mes manuscrits, mais ne rêvons pas »). Je dis excellent car ce n’est pas la première fois qu’un de leur roman me plait.
Le thème (et si l’on aimait son conjoint comme au premier jour après quinze ans de vie commune ?) ainsi que la plume (acerbe, drôle, démoniaque, vive, efficace) m’ont réjouie.
C’est l’histoire d’un couple apparemment parfait. Ils sont beaux, riches, parisiens.
Lui, n’a pas de prénom, c’est « mon mari ».
Elle, se plaint de la passivité de son mari à son égard et trouve inacceptable la flamme qui s’éteint au bout de quinze ans de mariage.
Encore très amoureuse de lui, plus épouse que mère, elle se met à décortiquer ses faits et gestes et à dénoncer avec férocité ses fautes et manques d’attention à son égard. Un mari qu’on se prend pourtant à défendre, il n’est pas pire qu’un autre ! Il se satisfait simplement de leur vie rangée dans leur belle maison auprès de leurs deux beaux enfants.
Dans un but de vengeance très intériorisée, elle va instaurer à son insu et jusqu’à l’obsession, un système de punitions suivant un barème méthodique.
Du jeu innocent détecté au début, on frise le délire psychiatrique. On frôle le thriller, on se demande où l’auteur va nous emmener et à quel moment ça va déraper.
J’ai aimé le ton juste de l’auteur, (oserais-je dire que je me suis reconnue quelquefois en cette femme ? heu, pas totalement quand même, hein !), j’ai aimé sa connaissance de l’esprit humain dont elle exploite avec brio la complexité des sentiments amoureux, sa maturité malgré sa jeunesse (28 ans).
Drôle, hypnotique, je vous le recommande !
