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  • Muriel Martinella

Mes quatre romans de DELPHINE DE VIGAN


Mes quatre romans de DELPHINE DE VIGAN

Je suis déjà une inconditionnelle de Delphine de Vigan et je n’ai pas encore découvert la moitié de la production de cette auteure.

Sans me préoccuper de l’ordre de parution, j’ai commencé par « Rien ne s’oppose à la nuit ». Déjà, la photo en noir et blanc d’une femme ravissante au front bombé, une cigarette fichée dans sa main blanche, attire, intrigue…

Ecrire sur sa mère impliquait la réussite totale ou l'échec le plus cuisant, or, j’ai trouvé ce livre somptueux, un cadeau posthume offert à sa mère qui a mis fin à ses jours il y a quelques années. « Un cercueil de papier », dira l’auteure. Remontant le fil de sa propre enfance, Delphine de Vigan a tenté (et semble avoir réussi) de retrouver le moment où s'est engagé le processus qui a abouti au drame du 31 janvier 1980.

J’ai été hypnotisée, bouleversée par ce magnifique portrait qu’elle a fait de sa mère. Un livre sombre même si Delphine de Vigan a finalement obéi à l’injonction qu’aurait prononcé l’une de ses tantes : « Tu le termineras sur une note positive, ton roman, parce que tu comprends, on vient tous de là ! »

« D’après une histoire vraie » m’a subjuguée par son côté étrange sur des sujets qui me tiennent à cœur comme l’identité et la question de la part de réel contre la part de fiction pure. Rien ne m’intéresse davantage dans ce que je lis et forcément dans ce que j’écris…

Au premier plan l’autopsie d’une histoire d’amitié toxique, intrusive entre deux femmes, toutes deux écrivaines et en butte chacune à leurs névroses, obsessions, voire psychoses ; ceci est doublé d’un thriller psychologique assez haletant puis triplé d’un duel en toile de fond, ce fameux duel entre la place du réel, du vrai dans la littérature, et de la fiction. Tout ce que j’aime en littérature ! Vous savez ce qu’on dit dans ces cas-là, « ce livre-là, j’aurais aimé l’écrire !».

Le film, réalisé par Polanski, ne serait pas à la hauteur du roman. Ne pouvant supporter la comparaison, je me suis abstenue de le visionner.

« Les loyautés » serait des quatre romans que j’ai lus, celui qui m’a le moins « remuée » malgré le sujet très dur de la maltraitance. Ce roman m’est apparu laconique, trop court et écrit un peu superficiellement. Sa fin m’a laissé sur ma faim…

Et pendant mes dernières vacances, j’ai relu, oui, relu pour la deuxième fois tant je l’ai aimé, « Les heures souterraines ». Pour être franche, je l’ai relu car je ne me souvenais plus de la fin.

Je l’ai relu avec le même plaisir.

Le sujet ? le harcèlement au travail. La vie de l’entreprise, ces heures souterraines que l’on passe dans le métro ou au fond d’un bureau…

Après la mort accidentelle de son mari, Mathilde, restée seule avec trois enfants, ne serait jamais retombée sur ses pieds sans ce travail, dans lequel elle excellait. L'entreprise a été le lieu de sa renaissance. Jacques, le directeur marketing du groupe alimentaire, ne jurait que par elle... Et, brusquement, du jour au lendemain, sans raison, tout a basculé. Elle s'est retrouvée sur la touche. Ignorée, harcelée, déstabilisée, victime de soupçons, d'insinuations et d'humiliations. Détruite à petit feu "par un connard en costume trois-pièces", celui-là même qui l'avait portée au pinacle. Si encore il consentait à s'expliquer...

Parallèlement, dans ce Paris oppressant, un médecin urgentiste de 43 ans, Thibault, rumine sa détresse dans les embouteillages. La femme qu'il a dans la peau est incapable d'un véritable échange avec lui. Pour elle, il n'existe pas en dehors de leurs rapports physiques.il voudrait la quitter, il veut la quitter, « il faut le faire », se répète-t-il comme un mantra, afin de ne pas désespérer de lui-même. Mais qu’espère-t-il ? « Une femme qui connaîtrait le vertige, la peur et la joie. » Très vite, le lecteur songe que ces deux-là, Mathilde et Thibault, sont faits pour se reconnaître, qu’ils vont se rencontrer, s’aduler : alléluia, le livre est bouclé ! Mais Delphine de Vigan est infiniment plus subtile, plus exigeante, lucide, passant de l'un à l'autre, dans un texte d'une grande justesse, où le trait n'est jamais forcé.

Les chemins de ces deux grands blessés de la vie se croiseront-ils ?


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