Un roman concis mais d’une densité extraordinaire que je préfère plus positivement nommer "une grande nouvelle" plutôt qu’"un petit roman".
Catherine Choupin, la dame qui pose près des tombes d’écrivains célèbres du père Lachaise en tenue élégante, peut laisser son ombrelle pour sa plume et s’y consacrer à part entière pour notre plus grand bonheur.
C’est l’histoire d’une professeur en classes préparatoires enseignant la culture qui va, avec la même passion qu’elle s’est éprise de cette discipline, tomber folle amoureuse d’un professeur extraordinaire dont le charisme compense un physique ingrat.
« Je n'avais jamais vu un homme aussi laid… mais quand il commençait à parler et à "penser"… on oubliait toutes ces contingences physiques pour le suivre sur les chemins ignorés de la pensée. »
Ce puits sans fond d’intelligence et d’érudition fait passer les oraux d’une grande école au mois de juin… La belle, tout en fougue et retenue, fera le premier pas…
« J’avais répondu « oui » sans hésitation, à la grande consternation de la femme pratique qui était en moi. Cette dernière savait que cela relevait de l’impossible de se libérer un samedi soir, mais l’amoureuse lui bâillonna la bouche. Il ne restait plus qu’à réaliser l’impossible… »
L’homme n’est pas libre, père de famille, l’affaire pourrait se corser, il n’en est rien, ces deux-là vont succomber comme une évidence au sublime de leur fol amour .
Nous-même, en tant que lecteur, voguons d’une passion qui nous est décrite à grands renforts de citations et de références littéraires à cette aventure amoureuse des plus originales avec la même félicité. Je suis tombée sous le charme de cette histoire d’amour captivante, enrichie de l’ivresse commune au couple pour la littérature.
« On a cru que je racontais ma vie alors que je voulais avant tout instruire ! » dira modestement l’auteur. Taratata, il y a de l’autofiction dans ce jus gouleyant érotico-littéraire. Florence (héroïne du nom de la ville natale de Dante), longue et distinguée, ressemble à s’y méprendre à notre professeur bien aimée. Celle qui généreusement, chaque semaine, prend de son temps sur les réseaux sociaux pour nous enseigner les rudiments de notre rude langue française. Mais c’est tout Choupin, ça ! (« La nouvelle Béatrice » est le troisième opus que je lis de cette auteure et j’en éprouve à chaque fois un plaisir croissant) : nous emmêler les pinceaux entre le vrai et une fiction qui ressemble à s’y méprendre à de la réalité.
L’histoire, très bien construite, se calque en parallèle sur celle, illustre, de Dante et Béatrice dont l’amour sublimé jusqu'au paroxysme dans la Vita Nuova serait resté au stade platonique et mystique.
Les références sont nombreuses, peut-être un peu trop diront certains, mais quel plaisir de sortir de ces lectures, enrichi d’un surplus de connaissance !
Tiens, pour vous attirer, vous que la grande littérature rebute, je peux vous assurer qu’il y a des scènes de lit superbement décrites avec les mots et le ton qu’il faut, du moins à mon goût, pour rapporter cette «communion totale, à la fois spirituelle, intellectuelle et physique ».
Avec cela une écriture parfaite d’équilibre, de rondeur, de fluidité malgré le passé simple assorti de l’imparfait du subjonctif que je trouve habituellement lourd surtout dans les dialogues.
Un roman magnifique, vraiment, que je vous invite à découvrir…
Biographie
Catherine Choupin est née à Rabat d'un père officier de l'aéronavale et d'une mère professeur de mathématiques. Ancienne élève de la rue d'Ulm, agrégée de Lettres classiques, diplômée en philosophie, elle est devenue professeur par vocation : elle a enseigné avec passion à Versailles, au lycée Saint-Jean de Béthune pendant 9 ans, puis au lycée Notre-Dame du Grandchamp en classes préparatoires HEC. Elle a publié trois manuels de culture générale chez Studyrama, et a déjà écrit seize romans d'amour dans lesquels les références culturelles sont très présentes, sans être pesantes. Son but est de raconter de belles histoires d'amour modernes et délicates dans un style clair et sobre, ultra classique. Elle a fait sienne la devise de madame de Staël selon lequel "le roman est le monde meilleur". Elle aime aussi faire sourire ses lecteurs et trois de ses romans sont d'ailleurs classés en littérature humoristique. Les Romans d'amour sont dangereux ont obtenu le Prix du livre numérique 2015 (prix des lecteurs).
Détails sur le produit
Ebook ou Broché, 122 pages
Editeur : Editions Illador; Édition : Editions Illador (1 janvier 2011)
Langue : Français
ISBN-10: 2953401067
ISBN-13: 978-2953401066
Dimensions du produit: 18 x 0,8 x 12 cm